Dès lors que notre rapport global au monde s’effectue désormais par le nombre – ce qu’indique expressément le terme omniprésent de « numérique » – qu’en est-il de ce que linguistes, psychanalystes et anthropologues appellent la « fonction symbolique » ? Surtout si l’on s’avise, en lisant Lacan, que cette fonction est ce qui subordonne la jouissance pour nous inscrire dans la loi du désir.
Pour commencer, retraçons brièvement l’évolution de cette notion de symbolique chez Lacan. Elle nous ramène, en apparence, très loin d’une vision mathématicienne du monde, puisqu’elle serait plutôt de type heideggérienne : c’est premièrement le registre de Parole qui, pour Lacan, est censé fonder le symbolique. La parole disant l’être (Heidegger), la parole vraie ou « pleine » (Lacan) par opposition à la parole vide, inauthentique. Chez le « parlêtre » allongé sur le divan du psychanalyste, la parole disant l’être n’est pas autre-chose que le dire de l’inconscient (parole elle-même vraie au sens où elle ne ment pas). Car le psychanalyste, contrairement au philosophe, porte l’accent sur le Dire qui se dissimule derrière le dit. La Parole comme engagement faisant acte de reconnaissance au regard de l’Autre, voilà ce qui peut définir premièrement le symbolique, dans une acception encore assez traditionnelle de la notion de symbole (= ce qui fait sens).









